Méditation et EMC inclassable
/Cela c’est passé lors d’un stage de meditation Vipassana. Il s’agit de stages de 10 jours, consacrés à l’apprentissage d’une technique de meditation enseignée par le Bouddha Gautama (Vipasanna signifiant : "observer la réalité telle qu’est est"). L’une des règles essentielles est celle du « noble silence » : on ne doit pas communiquer avec quiconque, ni oralement, ni par geste, ni par écrit, sauf pour des problème d’intendance et seulement en se limitant au strict nécessaire. Bref, on se retrouve très vite face à soi-même ... et face à son mental ! C’est à la fois très difficile (pénible, même à certains moments) et très instructif : en gros, on comprend très vite qui commande ici, autrement dis : le mental, qui ne répond pas toujours (rarement en fait) à nos demandes.
Bref, le matin du neuvième jour, je m’éveille au gong de 4h00 pour faire la première meditation. Celle-ci peut être faite dans sa chambre plutôt qu’en salle de méditation, et c’est ce que je choisis. Voilà qu’à un moment, je me retrouve à flotter au milieu de la chambre. Je me perçois (depuis le lit ou je médite) en train de flotter à environ 2/3 de la hauteur de la pièce, et en même temps, je me perçois en train de flotter dans la pièce. J'ai pendant quelques secondes une sensation d'ubiquité, à la fois dans mon corps (mais sans sensation physique, juste un point de vue, alors que j'ai les yeux fermé) et au milieu de la pièce, en train de flotter. Mon mental a du se déconnecter, car je ne ressens aucun étonnement, aucune crainte, aucun questionnement sur l’étrangeté de la situation. Au contraire, tout me semble parfaitement normal et seul la joie de la sensation de l’instant présent m’anime. Je " m'amuse un peu à tournoyer sur moi-même, comme un enfant qui découvre une nouvelle sensation.
De fait, je ressens également ce que notre instructeur nous a décrit comme « une sensation de flu libre » à travers mon « corps » (astral ?) [j'emploie une terminologie ésotérique, car c'est à mon avis la plus appropriée, et puis il faut bien mettre un mot sur les phénomènes...] : à savoir, l’impression que mon corps est constitué de milliards de « grains » (de particules ?) liées entre eux par une énergie très agréable qui fait comme une vague continue, de la fontanelle aux orteilles et des orteilles à la fontanelle (la description est de moi, selon l’expérience que j’en ai eue, car à aucun moment nous n’avons eut de description du phénomène autre que « flu libre »).
A un certain moment, voilà que j’ai une crainte qui se développe, c’est de voir arriver mes co-chambriste de leur méditation à la salle, ce qui (dans ma crainte) aurait pour conséquence de me « réveiller » (mais est-ce que je dormais ? c’est possible, je n'en sit rien) et donc de mettre fin à l’expérience. Aussitôt une pensée jaillit dans mon esprit : « Sort ! Monte ! », et aussitôt je m’élève de ma propre volonté et traverse le toit mansardé de la chambre ...
... Instantanément, je me retrouve dans une sorte de « puit » de forme parfaitement carrée, aux parois lisses et d’apparence gris métallique (on se croirait dans « X-files » !). Au dessous, c’est sombre, mais sans intérêt ; au dessus, le puits semble s’élever à perte de vue. Je ressens tjs la sensation de flu libre.
La même pensée qui m’est venue un instant plus tôt se remet à « parler ». C’est curieux, car j’ai l’impression paradoxale que cette « voix » n’est ni étrangère, ni mienne, mais les deux à la fois. Elle me dis à nouveau « Monte ! Monte ! ». Je m’exécute, toujours dans le même état d’esprit : tout est normal, tout est parfait, bref, le « laché-prise absolu » (c’est vraiment très agréable comme état d’esprit !). Je monte alors instantanément, de plus en plus vite (la voix insiste : « Monte ! Plus vite ! Accélère ! ») et le « puit » (ou le tunnel) défile et défile sous moi (mais je regarde vers au dessus) ; il semble comme s’incurver (comme une parabole) et à un moment il me semble perçevoir un orifice, comme une « trappe » de forme carrée, d’où émane une intense lumière.
Je jaillis littéralement par l’orifice (le bout du tunnel) et me retrouve dans un océan de lumière blanche, tandis que mon corps s’arque instantanément sous l’effet d’une énergie qui décuple véritablement la sensation de flu libre. C’est comme plonger dans un océan d’énergie pure très puissante, d’une intensité indescriptible. Mon « corps », donc, se tend comme une corde à piano et mes bras se dressent au dessus de ma tête, droit et en « V » (comme un prêtre tendant les bras vers le ciel), et semble s’orienter vers ce qui semble être la source de cette lumière / énergie. Lorsque j’observe mon « corps », il semble alors fait de cristal de quartz. C’est très bizarre. Je reste ainsi, je ne sais pas combien de « temps » (mais ces notions sont sans importance là ou je suis)...
... Je m’éveille, allongé sur mon lit, dans la chambre du centre de méditation. Mon corps entier est encore traversé de la sensation de flu libre pendant quelques minutes, bien que la sensation est bien moins intense que « là-haut » (et là, je suis parfaitement conscient, mais très troublé par l’expérience, bien qu’encore quelque peu en « laché-prise »).
Voilà, c’est tout (si je puis dire). Je ne sais absolument ce que cela signifie. Je sais juste que c’était très, très intense comme expérience, très riche et pas vraiment comme un rêve (même très beau). La sensation de flu libre au réveil était très concrète, comme un signe que tout cela était bien réel. Du reste, réel ou pas, pour moi, ce fut une belle expérience.
Anonyme (mars 2007)